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Vachellia tortilis (Forssk.) Galasso & Banfi

Mimosa tortilis Forssk., Acacia tortilis (Forssk.) Hayne

Fra.: Acacia, gommier, faux gommier.   Esp.: Acacia.   Ang.: Karamoja, acacia, umbrella thorn.   Ara.: Talha, talh, talihe, talhaya, hares, amrād, tahi, salam, (Égypte): seyal, sayyal.   Tam./Tamahaq: Tamat, talha, tadjdjart, absor, abzac, abser, absegh, abzec, afagag, tafagak; le fruit: amalaga, tahasha. Aux acacias épineux du genre Vachellia en général issarher (dans le massif de l´Ahaggar) et kinba (dans l´Aïr).

Arbre caducifolié de jusqu’à 14(20) m de haut, épineux, hermaphrodite, ramifié depuis la base et à port plus ou moins en parasol, ou à tronc bien défini, droit ou légèrement tortueux, et houppier un peu irrégulier. Tronc à écorce brun-grisâtre, fendillée longitudinalement, qui se détache en écailles allongées. Rameaux étalés, très ramifiés, lisses, les plus anciens brun-grisâtre, les plus jeunes brun-rougeâtre, et ramilles de l’année verdâtre-rougeâtre, glabres ou poilues, pourvues de lenticelles. Épines stipulaires de (0,5)2-10 cm, appariées, divergentes, droites-courbées, d’abord de la couleur des ramilles, puis blanchâtres ou blanches. Feuilles de 1-4,5 cm, alternes ou en fascicules sur les nœuds, bipennées, à pétiole de 2-15 mm, et rachis à 2-8(10) paires de pennes -pourvu d’une glande sous l’insertion des pennes-, chacune à 4-15(20) paires de folioles de (1)2-7 × 0,6-1,2 mm, oblongues ou oblongues-linéaires, à sommet et base arrondis, subsessiles, entières, glabres ou poilues, de couleur vert terne, glaucescentes sur les deux faces. Inflorescences en capitules gloméruliformes globuleux de (4)7-12 mm de diamètre, axillaires, solitaires ou en groupes de 2-5, pédonculées –pédoncule de 1,5-3 cm, glabrescent–, à nombreuses fleurs minuscules, blanches ou blanchâtre-jaunâtre. Calice de 1,5-2 mm, à dents glabres. Corolle de 1,5-3 mm, à 5 lobules ovés. Étamines très nombreuses. Gousse de 3-15 cm × 5-9 mm, linéaire, très comprimée, légèrement resserrée entre les graines, glabre ou poilue, d’abord verte puis orange pâle, brunâtre ou noirâtre, à stries longitudinales irrégulières, tordue en spirale à la maturité –accomplissant parfois un cercle complet, voire davantage–, à 6-12 graines. Graines de 3-7 × 2-6 mm, ellipsoïdales, comprimées, brun-noirâtre et lisses.

Floraison:

fin de l’été (août-octobre), et parfois également en hiver (décembre-mai).

 

Fructification:

environ 3-4 mois après la floraison.

Habitat:

Plaines, pentes douces et dépressions du terrain en zones semi-désertiques et désertiques sous climat non extrême, ainsi qu’en savanes. Depuis le niveau de la mer jusqu’à une altitude de 2000 m dans les massifs montagneux sahariens.

Distribution:

L’espèce au sens large est répartie dans le N., l’E. et le S. de l’Afrique. Les sous-espèces disposant d’une représentation dans le territoire occupent le Sahara et le Sahel, tandis que d’autres sous-espèces qui n’y sont pas représentées sont celles qui élargissent l’aire de réparation vers l’E. [subsp. spirocarpa (Hochst. ex A. Rich.) Kyal. & Boatwr. (Acacia spirocarpa Hochst. ex A.Rich.)] et le S. du continent [subsp. heteracantha
(Burch.) Kyal. & Boatwr. (A. heteracantha Burch.)].

Observations:

2 sous-espèces sont identifiées dans le territoire. V. tortilis (Forssk.) Galasso & Banfi subsp. tortilis correspond à des arbres très ramifiés depuis la base, à port en parasol, rameaux, feuilles et gousses poilus, les feuilles à (4)5(8) paires de pennes, chacune à (4)10(12) paires de folioles de 1-2(3) mm, et épines de (0,5-)2,5(5) cm, poilues, inflorescences de 4-7 mm de diamètre, et gousses de 3-9 cm × 5-6 mm, à graines de 3-4 × 2-3 mm. Elle n’apparaît dans la zone du projet qu’en Égypte (Sinaï compris) et au Soudan, étant propre de l’Afrique orientale et de la péninsule arabique. Bien plus abondante et distribuée dans l’ensemble du territoire, V. tortilis subsp. raddiana (Savi) Kyal. & Boatwr. [A. raddiana Savi, A. tortilis subsp. raddiana (Savi) Brenan] inclut des arbres à tronc bien différencié et houppier irrégulier, à rameaux, feuilles et gousses glabres, les feuilles à 2-6 paires de pennes, chacune à 6-15 paires de folioles de 2-7 mm, et épines de (0,5)2-10 cm, blanches, parfois un peu recourbées, à inflorescences de 4-12 mm de diamètre, et gousse de 6-15 cm × 6-9 mm, à graines de 5-6 × 3,5-4 mm. Cette sous-espèce dispose d’une aire de répartition vaste dans l’ensemble du Sahara et du Sahel.

Il s’agit de l’espèce arborescente dominante dans de vastes zones du Sahara, revêtant une énorme importance pour la protection des sols, de l’humidité et de la biodiversité. Elle tend cependant à disparaître, du moins au cours du siècle dernier, et sa régénération est pratiquement nulle. Cette dynamique n’est pas tant due au changement climatique qu’à l’action directe de l’homme, qui pratique des coupes et/ou des arrachages sur les arbres qui entravent tout type de projet supposé « de développement » ; ils disparaissent également lentement et progressivement en quelques décennies du fait de l’exploitation de leurs racines et de leur écorce, qui possèdent de nombreuses propriétés médicinales et sont utilisées comme tanins. Leur bois est également utilisé pour faire du charbon et comme combustible. Les branches très épineuses sont coupées pour faire des clôtures pour les maisons et le bétail. Toutefois, c’est le surpâturage qui constitue la principale cause du déclin de l’espèce, empêchant sa régénération.

Il est absolument nécessaire d’assurer sa protection et de faciliter sa régénération naturelle comme mesure destinée à freiner la désertification à moyen et long terme. Il devrait s’agir systématiquement de l’espèce la plus utilisée (mais pas la seule, d’autres espèces arborescentes autochtones présentent un intérêt incontestable, telle que v. flava) au sein des projets de reforestation dans les bandes septentrionale et centrale du Sahara. Elle devrait également être plantée massivement dans la bande méridionale du Sahara, mais en association avec d’autres espèces arborescentes propres du Sahel.

État de conservation:

Espèce relativement commune à aire de répartition vaste, mais qui se fait de plus en plus rare en dépit de sa valeur économique et écologique indéniable. Considérée comme de Préoccupation mineure (LC) à l’échelle mondiale dans la Liste rouge des espèces de l’UICN. En Algérie, elle est incluse dans la Liste des espèces végétales non cultivées protégées (décret exécutif 12-03 du 4 janvier 2012). En Tunisie, elle est incluse en tant que Acacia raddiana dans la Liste de la flore sauvage rare et menacée d’extinction (arrêté du ministre de l’Agriculture et des Ressources hydrauliques du 19 juillet 2006). Au Mali, elle est incluse dans la Liste des espèces nécessitant une autorisation pour toute utilisation à des fins commerciales (décret 07-155/P-RM de 2007).

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