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Quercus coccifera L.

Q. pseudococcifera Desf., incl. Q. calliprinos auct. non Webb

Fra.: Chêne kermès, chêne coccifère, garouille.   Esp.: Coscoja.   Ang.: Kermes oak. Ara.: Ballutt el haluf.   Tam.: Kharkhacha, kherkhach, kerruch el kermès, karmis, korrich, kecherid, kechrit, qermez.

Arbre ou arbuste à feuilles persistantes, monoïque. Fréquemment à port arbustif et très ramifié depuis la base, enchevêtré, pouvant atteindre un port arborescent de jusqu’à 20 m de haut. Tronc à écorce cendrée et lisse, brun-noirâtre et légèrement fendillée chez les exemplaires arborescents âgés. Le port arborescent est similaire à celui du chêne vert, avec lequel il a parfois été confondu. Feuilles [1,5-6(13) × 0,8-3,5(7) cm] alternes, pérennes, coriaces, oblongues à elliptiques ou obovées, dentées-spinescentes généralement, mais non piquantes voire sans dents et à bord entier en conditions de sol, ombre et humidité satisfaisantes, de couleur vert vif, brillantes, plus ou moins similaire sur les deux faces, presque concolores et, une fois adultes, glabres ou légèrement glabrescentes à pubescence sur l’envers. Fleurs mâles minuscules, disposées en chatons de c. 5 cm de long, jaunes. Fleurs femelles qui naissent solitaires ou groupées par 2-3 à l’aisselle des feuilles. Le fruit (gland) est un akène ovoïde-allongé, contenu dans une enveloppe châtain foncé, entouré à la base d’une cupule couverte de minuscules écailles imbriquées, ovées-lancéolées, appliquées à la base et saillantes, rigides, piquantes dans la partie médiane et supérieure.

Floraison:

avril-mai.

 

Fructification:

annuelle ou biennale, c.-à-d. à la fin du printemps-automne de l’année suivante.

Habitat:

Sur tous types de substrats, depuis quasiment le niveau de la mer (dunes côtières) jusqu’à 1200 m. En zones à bioclimat semi-aride à subhumide, aux étages inframéditerranéen à mésoméditerranéen.

Distribution:

Région méditerranéenne. Dans le N. de l’Afrique, son aire de répartition se limite à l’extrême N., de la péninsule tingitane (N.-O. du Maroc) jusqu’au cap Bon (N.-E. de la Tunisie) et au massif de l’Akhdar (N.-E. de la Lybie). Elle s’étend vers le S. jusqu’au massif du Tazzeka (Maroc) et jusqu’au Djebel Amour (Atlas saharien, Algérie).

Observations:

Espèce polymorphe, dont un bon nombre de variétés, formes et sous-espèces ont été décrites. Le chêne kermès, considéré essentiellement arbustif dans le N. de l’Afrique, présente presque toujours un port arborescent en bonnes conditions naturelles. Cela peut être clairement observé dans divers marabouts du Rif, où la présence d’arbres de 10-20 m voire davantage est habituelle. La diversité morphologique et de port de ce groupe a favorisé que les grands arbres d’Algérie, de Tunisie et plus particulièrement de Lybie, comme ceux du reste de la Méditerranée orientale, aient parfois été différenciés sous le nom de Q. calliprinos. Pour certains auteurs (Le Floc´h et al., 2010), les grands arbres de la zone occidentale du N. de l’Afrique appartiendraient à Q. coccifera subsp. pseudoccocifera (Desf.) Arcang. (Q. pseudococcifera Desf.), mettant en doute la présence, du moins en Algérie et en Tunisie, de la sous-espèce type de Q. coccifera, qu’ils restreignent à la péninsule ibérique ; ils considèrent que les exemplaires présents depuis l’Italie et la Lybie en direction de l’Orient correspondraient à Q. calliprinos.

Comme toutes les espèces du genre Quercus, le chêne kermès produit des galles pour se protéger des agressions des insectes. Elles sont cependant particulières chez cette espèce, l’hémiptère à leur origine étant Kermococcus vermilio (Kermes vermilio, K. ilicis, Coccus ilicis), la cochenille productrice du carmin, une teinture naturelle extraite des femelles de ces insectes, largement utilisée dans l’Antiquité pour l’obtention d’une couleur rouge cramoisi de grande qualité. Elle servait à teindre les toges des hommes les plus importants de la Rome antique (toga picta, toga triumphalis) et d’autres cultures méditerranéennes. Les anciens donnaient à cette précieuse cochenille le nom de coccum ou kermes, qui, combiné au verbe latin fero (contenir, porter), donne naissance au nom sous lequel était connue la plante qui hébergeait ces cochenilles recherchées : coccifera.

État de conservation:

Espèce commune à aire de répartition vaste, qui n’est pas considérée comme menacée. Elle n’est actuellement pas évaluée à l’échelle mondiale dans la Liste rouge des espèces de l’UICN.

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