Revenir

Olea europaea L.

Fra.: Olivier sauvage, oleastre.   Esp.: Acebuche, olivo silvestre.   Ang.: Wild olive.   Ara. (la forme sauvage): Zebbudj, zebbur, azebbuj (la forme cultivée): zitun, zeitun, zaitun, amurqa, zeitar. Tam. (la forme sauvage): Azebudj, tazbbujt, berri, (la forme cultivée): azemmur, zzit, tesefta, tahatimt, amil.

Arbre à feuilles persistantes, hermaphrodite, atteignant jusqu’à 10 m de haut, bien qu’il soit habituel qu’il se présente avec un port arbustif dans les zones montagneuses abruptes et les zones plus sèches, à plus forte raison si la zone est soumise à une forte pression du bétail. Le port de l’arbre adulte est très régulier, à houppier ovale ou arrondi. Tronc un peu tortueux, épais, court, se ramifiant très tôt. Écorce très fendillée, en particulier à la base du tronc, brun-grisâtre. Rameaux dressés-patents, flexibles lorsqu’ils sont abroutis, à écorce légèrement épineuse, lisse, de couleur gris clair, cendrée. Ramilles verdâtre-cendré. Feuilles opposées de (0,5)1-8 × 0,3-1,2 cm, 2-7 fois plus longues que larges, ovales-lancéolées à oblancéolées ou nettement lancéolées ‑elles peuvent être très petites, elliptiques ou obovées en mauvaises conditions de croissance‑, à bord entier et un peu révoluté, atténuées à la base, à pédicelle court, aiguës, parfois mucronées, coriaces, de couleur vert mat-grisâtre sur l’endroit et cendré-argenté sur l’envers. Inflorescences en panicules axillaires ou terminales. Fleurs blanches, petites, subsessiles. Calice cupuliforme, à 4 petites dents, verdâtre. Corolle en une seule pièce, à tube court et 4 lobes blancs en guise de pétales ouverts en étoiles. Elle possède 2 étamines qui naissent soudées au tube de la corolle. Anthères jaunes, très voyantes. Fruit (0,5-4 cm) en drupe (il s’agit là du nom romain de l’olive) ellipsoïdale, d’abord verte puis noir brillant en mûrissant. Elle renferme un noyau (endocarpe) très dur ou mou, contenant une seule graine.

Floraison:

avril-juin.

 

Fructification:

octobre-décembre.

Habitat:

Espèce indifférente au type de substrat. Elle vit sur presque tous types de terrains, du niveau de la mer jusqu’à la moyenne montagne, et des forêts humides aux steppes sahariennes. En zones à bioclimat aride (zones ombragées ou présentant une humidité édaphique élevée) à subhumide, aux étages inframéditerranéen et thermoméditerranéen. Elle supporte bien la chaleur et la sécheresse, mais pas les fortes gelées.

Distribution:

Région méditerranéenne. Dans le N. de l’Afrique, de la côte méditerranéenne jusqu’au Sahara septentrional, totalement absente uniquement dans la haute montagne en raison des basses températures.

Observations:

L’oléastre revêt une grande importance forestière dans le N. de l’Afrique. Il présente la superficie de végétation potentielle la plus vaste de la région, dépassant celles du chêne vert, du chêne-liège, du thuya ou du pin d’Alep. Cependant, tandis que subsistent encore de bonnes forêts des espèces citées, il ne reste pas une seule forêt d’oléastres. De vastes zones nord-africaines aujourd’hui semi-arides, arides, desséchées et poussiéreuses, furent par le passé des forêts d’oléastres touffues et impénétrables. Les derniers vestiges forestiers peuvent encore être observés dans certains cimetières musulmans, les marabouts, dont la végétation a été préservée par l’homme depuis des siècles.

Les forêts d’oléastres étaient fondamentalement constituées de l’oléastre lui-même, en tant qu’espèce dominante, du lentisque (Pistacia lentiscus), de la filaire à larges feuilles (Phillyrea latifolia), du chêne kermès (Quercus coccifera), du thuya (Tetraclinis articulata) et du palmier nain (Chamaerops humilis), en tant que principales espèces accompagnantes atteignant toujours des ports arborescents. Parmi ces arbres grimpaient de nombreuses espèces de lianes, beaucoup d’entre elles ligneuses, telles que Ephedra fragilis, Clematis cirrhosa, C. flammula, Lonicera implexa, Asparagus altissimus ou Smilax aspera. L’ensemble de ces arbres, arbustes, lianes et autres espèces végétales formait une véritable jungle impénétrable, authentiquement méditerranéenne, qui maintenait un sol très épais, humide et fertile tout en servant d’habitat à une communauté faunistique extrêmement riche.

Il conviendrait aujourd’hui de promouvoir l’utilisation de l’oléastre comme espèce à utiliser dans les travaux de repeuplement forestier au sein des zones semi-arides et arides non désertiques du N. de l’Afrique, au détriment des taxons allochtones (acacias exotiques et eucalyptus), aussi bien dans la lutte contre l’érosion et la désertification que pour la conservation et la récupération de la riche biodiversité de la région.

Six sous-espèces tendent à être différenciées à l’heure actuelle, dont 4 présentes dans le N. de l’Afrique. O. europaea subsp. europea, à inflorescences courtes [1-3(4) cm] et drupes grandes [1-3(4) × 0.5-2(3) cm] à mésocarpe épais, qui engloberait les traditionnelles var. europaea, amplement cultivée et la var. sylvestris, répartie dans le bassin méditerranéen. O. europaea subsp. cuspidata (Wall. ex G.Don) Cif. [O. africana Mill., O. chrysophylla Lam., O. europaea var. verrucosa Willd., O. verrucosa (Willd.) Link, O. ferruginea Royle, O. cuspidata Wall. ex G.Don, O. somaliensis Baker, O. europaea var. nubica Schweinf. ex Baker, O. schimperi Gand., O. aucheri Chev. ex Ehrend., O. europaea subsp. africana (Mill.) P.S.Green] (Ara. : Dada’a), à feuilles à teintes souvent rougeâtres, inflorescences plus longues (4-10 cm) et drupes plus petites (0,5-1 × 0,4-0,5 cm) à mésocarpe mince, répartie sur les collines rocheuses du S.-E. de l’Égypte, de la côte soudanaise, de l’Afrique tropicale, de la péninsule arabique, de l’Iran, du Pakistan, de l’Afghanistan et de la Chine. O. europaea subsp. laperrini (Batt. & Trab.) Cif. (O. laperrini Batt. & Trab.) (Tamahaq : Aleo, aleou, oleo, tafeltasset) à feuilles opposées [1-8 × 0,2-0,7(1) cm], 8-15 fois plus longues que larges, linéaires à linéaires-lancéolées, et drupes peu charnues, à endocarpe à parois membraneuses ; endémique des montagnes du Sahara (1300-2500 m d’altitude), relativement commune dans le massif du Hoggar, plus rare dans ceux du Tefedest, Tassili-n-Ajjer, Mouydir, Tibesti et Aïr, elle atteint au S.-E. le Djebel Marra et autres montagnes du Darfour. O. europaea subsp. maroccana (Greuter & Burdet) P.Vargas, J.Hess, Muñoz Garm. & Kadereit (O. maroccana Greuter & Burdet), à ramilles dressées, à entre-nœuds allongés (2-6 cm), feuilles très étroites, à pétiole très court (1-2 mm), inflorescences latérales (5-7 cm de long) et terminales (6-12 cm de long), bractées (3-4 mm de long) lancéolées, obtuses, fleurs à pédicelle de 2-4 mm, calice urcéolé, à sommet droit, et stigmate exserte cylindrique-ové de 1 mm de long ; endémique du S.-O. marocain, elle est présente depuis le versant S. du Haut Atlas occidental jusqu’à l’Anti-Atlas occidental.

État de conservation:

O. europaea est une espèce commune à aire de répartition vaste, mais certaines de ses sous-espèces, comme la subsp. laperrini, sont peu communes et à aire de répartition très restreinte. Elle n’est actuellement pas évaluée à l’échelle mondiale dans la Liste rouge des espèces de l’UICN. En Algérie, la subsp. laperrini est incluse dans la Liste des espèces végétales non cultivées protégées (décret exécutif 12-03 du 4 janvier 2012). Dans le Liste rouge des plantes vasculaires d’Égypte (Flora Aegyptiaca Vol 1, 2000), la subsp. cuspidata est cataloguée comme « vulnérable ».

Menu